Jean Sibelius (1865-1957), Valse triste
Carl Nielsen (1865-1931), Petite Suite
Edvard Grieg (1843-1907), Deux mélodies nordiques
Arvo Pärt (*1935), Summa
Edvard Grieg (1843-1907), Suite Holberg
Non sans malice, Claude Debussy écrivit un jour d’Edvard Grieg qu’il « abusait un peu du
droit d’être Norvégien ». Que nous dit cette énigmatique remarque, si ce n’est souligner ce
je-ne-sais-quoi de singulier propre aux compositeurs nordiques?
On ressent dans cette musique comme un poids, une nostalgie inconsolable pudiquement
dissimulée derrière une apparente rigueur formelle. Qu’il s’agisse de la valse triste du
finlandais Jean Sibelius, des deux mélodies norvégiennes de Grieg ou de la Petite Suite pour
cordes du danois Carl Nielsen, il semble que la musique veuille nous dire quelque chose sans
jamais en venir exactement au fait : elle évite au dernier moment les emportements trop
attendus, ignore les tournures trop dramatiques et s’exprime par périphrases, comme pour
éviter de prononcer certains mots trop crûment.
Il s’y a ajoute parfois, en particulier dans Summa de l’estonien Arvo Pärt et dans la Suite
Holberg de Grieg, une forme de célébration du passé ; un passé mythique et immémorial.
Un Âge d’or perdu dont les traces nous apparaissent par bribes. Telle mélodie semble
émerger d’une liturgie ancienne, tel rythme d’une danse oubliée, telle harmonie d’un rituel
païen inconnu.
Un concert qui vous invite en somme à redécouvrir en musique les pays scandinaves et
cette aura de mystère qui les entoure encore aujourd’hui ; l’impression qu’à tout moment, à
la faveur d’une aurore boréale, des dieux oubliés vont émerger de ces profondes forêts ou
des rudes paysages accidentés qu’offre la toundra